En Europe, on s’imagine que les accords avec les Chinois
sont encore réversibles. Mais ici, dans le Bas-Congo, les travaux ont
déjà commencé…
À Kinshasa, à l’Est, partout dans le pays, les travaux ont commencé.
C’est le début de la réalisation de nos efforts. Le chemin à faire est
encore très long, mais l’essentiel est d’avoir commencé. D’ici la fin
de cette année, on verra un vrai changement. Maintenant que nous sommes
un peu à l’aise – je dis bien : un tout petit peu –, on se met enfin au
travail. Jusqu’à présent, la situation à l’Est nous avait toujours
bloqués, aussi bien du temps de mon père Laurent Désiré Kabila que du
mien.
L’absence d’une solution à l’Est du pays, c’était le verrou qui nous
empêchait de faire autre chose… Ces problèmes ont absorbé beaucoup
d’argent, d’efforts, d’énergie. Les Congolais, tous autant qu’ils sont,
sont très attachés à l’unité nationale. Lorsqu’un problème se pose à
l’Est, il a des répercussions dans tout le pays. Mais maintenant, cela
semble aller dans la bonne direction. Suis-je optimiste ? Oui, mais on
n’a pas encore atteint le point de non-retour, cela peut encore
basculer. Je crois tout de même qu’à 80 %, nous sommes sur la bonne
voie…
Pourquoi avez-vous décidé de renouer avec le Rwanda ?
Tout comme nous, les Rwandais se sont rendu compte qu’on ne pouvait
plus continuer comme cela, que la guerre, finalement, on ne la gagne
jamais. À l’Est, que n’avons-nous pas perdu ? Des vies humaines ont été
sacrifiées, les populations ont souffert. Lorsque je suis allé là-bas,
j’ai vu la douleur des déplacés mais aussi l’espoir d’un prompt retour
à la normale. Il est évident qu’à l’Est subsistent des forces qui
veulent saboter le processus, la paix n’est pas souhaitée par tout le
monde… Mais ceux-là sont une minorité.
Cette tentative de rétablissement de la paix à l’Est, qui
s’est cependant soldée par un succès relatif, ne vous a pas valu
beaucoup d’éloges en Occident…
C’est cela la contradiction. Peut-être l’Occident a-t-il été tellement
préoccupé par la crise économique et financière qui le frappait qu’il a
perdu de vue notre région… Mais ce qui compte pour nous, ce sont les
félicitations de notre population, et elles n’ont pas manqué durant la
longue tournée que j’ai effectuée à l’Est.
Sur le plan intérieur, n’avez-vous pas été surpris par les
déclarations du président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, qui
s’est dit hostile à l’opération militaire conjointe rwando-congolaise ?
Dans un combat, il y a toujours un petit retard de compréhension… Au
sein d’un mouvement, parmi les camarades, quand on lève des options
stratégiques, il peut y avoir des retards de compréhension, et aussi de
la mauvaise foi. Déçu, oui, sans doute, mais la déception, on vit avec.
L’essentiel, c’est que nous ayons retrouvé la stabilité, que la paix
s’annonce. Au cours de cette crise, nous étions sereins, je ne vois pas
comment la situation aurait pu nous échapper… À nous de renforcer les
actions sur le terrain et de livrer la vraie guerre, la lutte contre la
pauvreté… Car finalement, c’est la pauvreté qui nous conduit à la
guerre et vice versa…
Le temps de votre mandat file vite : d’ici à 2011, il vous reste deux ans…
Je préfère dire qu’il nous reste quatre ans… Quatre ans si on travaille
24 heures sur 24, ce que nous sommes en train de faire. Mais pour cela
il faut avoir des gens déterminés, dynamiques…
Vous avez récemment souligné que vous aviez peu de collaborateurs fiables. Serait-ce vous qui les choisiriez mal ?
Pour choisir quelqu’un, il faut avoir une bonne connaissance de la
personne. Et pour avoir cette connaissance, il faut travailler avec
cette personne… Je ne peux pas changer mes conseillers tous les trois
mois, il faut donner le temps aux gens… Depuis 2001, il y a eu beaucoup
de changements autour de moi. Pour transformer un pays comme le Congo,
il ne faut pas compter sur mille personnes, il faut avoir dix, quinze
personnes bien déterminées. Alors, avec elles, on peut transformer un
pays, une société. Et je m’étais effectivement demandé si j’avais ces
dix ou quinze personnes… Peut-être suis-je très exigeant…
Peut-être faudrait-il aussi relancer un sixième chantier, celui de la lutte contre la corruption, du changement des mentalités ?
Il est clair pour moi que depuis 2001 et même depuis les élections en
2006, ces maux-là n’ont pas été suffisamment combattus. Si on travaille
24 heures 24, on a encore du temps pour le faire… J’avais d’ailleurs
lancé un projet de lutte contre la corruption, en espérant qu’il serait
financé par beaucoup de ceux qui se disent nos amis, Banque mondiale,
le FMI, l’Ouest en général, mais je n’ai pas senti cet appui. Il n’y a
eu que des discours… Mais bientôt, au niveau du cabinet du président,
il y aura un conseiller spécial en charge de la bonne gouvernance, de
la lutte contre la corruption. Sa nomination fera partie des
changements que je compte opérer d’ici le mois de juin. Je vais
chercher les 15 personnes qu’il me faut et les mettre à la bonne place.
Comment expliquez-vous que les Occidentaux semblent beaucoup plus critiques à votre égard que durant la transition ?
Peut-être se sont-ils rendus compte que je n’étais pas aussi maniable
qu’ils le croyaient, que je ne reçois d’ordres de personne, sauf de mon
peuple. Je ne veux exécuter que la volonté de notre population, qui
souhaite la paix, la reconstruction et le développement du pays, la
stabilité. Cette politique s’oppose peut-être aux intérêts de ceux qui
pensent que l’on peut encore venir piller notre pays et conclure des
contrats tels que ceux que nous sommes en train de renégocier, une
démarche qui rencontre beaucoup de résistances. Alors, que faire ? Moi
en tout cas je ne peux plus reculer… Je ne peux qu’avancer. Et en cours
de route, nous trouvons de nouveaux amis, en essayant de garder les
anciens.
Où en sont les relations avec la Belgique ?
Je trouve que maintenant, ça va… Bientôt nous aurons à Bruxelles un
nouvel ambassadeur. Il a reçu comme mission de tout faire pour qu’il y
ait une amélioration des relations avec la Belgique. Le terrain a été
dégagé…
La reconstruction est-elle enfin en marche ?
La reconstruction est un grand défi. Depuis 2001, j’ai déjà fait
plusieurs tournées à travers le pays, et je vous assure que
reconstruire 100.000 km de routes, cela n’est pas une mince affaire.
Donner du travail à la moitié de la population, c’est beaucoup. Je me
dis qu’on a déjà commencé, que cela, c’est essentiel. Que j’obtienne ou
non un deuxième mandat, ce qui compte, c’est continuer le travail…
Parlons un peu de la « communauté internationale » dont la définition
est d’ailleurs assez embrouillée… Récemment, la Banque mondiale, le FMI
nous ont donné 300 millions de dollars pour faire face à la crise. Dans
le même temps, j’ai appris que la Roumanie avait, elle, reçu 12
milliards de dollars… Alors que nous, nous avons 65 millions
d’habitants ! En fait, je considère qu’on est seuls… Il ne s’agit pas
seulement du Congo, tous les pays africains sont seuls, nous ne pouvons
compter que sur nous-mêmes… C’est ce qui explique pourquoi nous avons
décidé de travailler avec les Chinois, comme avec d’autres pays
d’ailleurs. Nous avons avec les Chinois un rapport d’égal à égal, «
gagnant-gagnant ».
En ce qui concerne la communauté internationale, il y a eu beaucoup
plus de promesses que de réalités… En 2001, 2002, 2003, j’avais
multiplié les déplacements en Occident, ma politique était celle de
l’ouverture. Mais finalement, au vu du peu de réalisations, de
partenariat véritable, j’ai freiné ce type de voyages, le tourisme ne
m’intéresse pas. Si je veux faire du tourisme, ce sera au Congo. En
revanche, d’autres partenaires s’intéressent beaucoup au Congo, la
Chine bien sûr mais aussi la Corée du Sud, la Russie, le Brésil… La
stabilité qui revient à l’Est va encourager les investissements.
Depuis 2001, vous est-il arrivé de prendre des vacances ?
Lorsque vous êtes à la tête d’un pays comme le Congo, vous vous
demandez toujours si c’est le moment, ce qui va se passer si vous
partez… Lorsque je suis en tournée dans l’intérieur du pays et que je
prends le volant, cela me “déstresse“. La vie que je mène est dure pour
ma famille. Quant à mon avenir, on verra. Je me dis souvent que mon
arrière-grand-père a été assassiné, mon grand-père aussi, mon père
également, comme vous le savez. On se pose toujours beaucoup de
questions…
sont encore réversibles. Mais ici, dans le Bas-Congo, les travaux ont
déjà commencé…
À Kinshasa, à l’Est, partout dans le pays, les travaux ont commencé.
C’est le début de la réalisation de nos efforts. Le chemin à faire est
encore très long, mais l’essentiel est d’avoir commencé. D’ici la fin
de cette année, on verra un vrai changement. Maintenant que nous sommes
un peu à l’aise – je dis bien : un tout petit peu –, on se met enfin au
travail. Jusqu’à présent, la situation à l’Est nous avait toujours
bloqués, aussi bien du temps de mon père Laurent Désiré Kabila que du
mien.
L’absence d’une solution à l’Est du pays, c’était le verrou qui nous
empêchait de faire autre chose… Ces problèmes ont absorbé beaucoup
d’argent, d’efforts, d’énergie. Les Congolais, tous autant qu’ils sont,
sont très attachés à l’unité nationale. Lorsqu’un problème se pose à
l’Est, il a des répercussions dans tout le pays. Mais maintenant, cela
semble aller dans la bonne direction. Suis-je optimiste ? Oui, mais on
n’a pas encore atteint le point de non-retour, cela peut encore
basculer. Je crois tout de même qu’à 80 %, nous sommes sur la bonne
voie…
Pourquoi avez-vous décidé de renouer avec le Rwanda ?
Tout comme nous, les Rwandais se sont rendu compte qu’on ne pouvait
plus continuer comme cela, que la guerre, finalement, on ne la gagne
jamais. À l’Est, que n’avons-nous pas perdu ? Des vies humaines ont été
sacrifiées, les populations ont souffert. Lorsque je suis allé là-bas,
j’ai vu la douleur des déplacés mais aussi l’espoir d’un prompt retour
à la normale. Il est évident qu’à l’Est subsistent des forces qui
veulent saboter le processus, la paix n’est pas souhaitée par tout le
monde… Mais ceux-là sont une minorité.
Cette tentative de rétablissement de la paix à l’Est, qui
s’est cependant soldée par un succès relatif, ne vous a pas valu
beaucoup d’éloges en Occident…
C’est cela la contradiction. Peut-être l’Occident a-t-il été tellement
préoccupé par la crise économique et financière qui le frappait qu’il a
perdu de vue notre région… Mais ce qui compte pour nous, ce sont les
félicitations de notre population, et elles n’ont pas manqué durant la
longue tournée que j’ai effectuée à l’Est.
Sur le plan intérieur, n’avez-vous pas été surpris par les
déclarations du président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, qui
s’est dit hostile à l’opération militaire conjointe rwando-congolaise ?
Dans un combat, il y a toujours un petit retard de compréhension… Au
sein d’un mouvement, parmi les camarades, quand on lève des options
stratégiques, il peut y avoir des retards de compréhension, et aussi de
la mauvaise foi. Déçu, oui, sans doute, mais la déception, on vit avec.
L’essentiel, c’est que nous ayons retrouvé la stabilité, que la paix
s’annonce. Au cours de cette crise, nous étions sereins, je ne vois pas
comment la situation aurait pu nous échapper… À nous de renforcer les
actions sur le terrain et de livrer la vraie guerre, la lutte contre la
pauvreté… Car finalement, c’est la pauvreté qui nous conduit à la
guerre et vice versa…
Le temps de votre mandat file vite : d’ici à 2011, il vous reste deux ans…
Je préfère dire qu’il nous reste quatre ans… Quatre ans si on travaille
24 heures sur 24, ce que nous sommes en train de faire. Mais pour cela
il faut avoir des gens déterminés, dynamiques…
Vous avez récemment souligné que vous aviez peu de collaborateurs fiables. Serait-ce vous qui les choisiriez mal ?
Pour choisir quelqu’un, il faut avoir une bonne connaissance de la
personne. Et pour avoir cette connaissance, il faut travailler avec
cette personne… Je ne peux pas changer mes conseillers tous les trois
mois, il faut donner le temps aux gens… Depuis 2001, il y a eu beaucoup
de changements autour de moi. Pour transformer un pays comme le Congo,
il ne faut pas compter sur mille personnes, il faut avoir dix, quinze
personnes bien déterminées. Alors, avec elles, on peut transformer un
pays, une société. Et je m’étais effectivement demandé si j’avais ces
dix ou quinze personnes… Peut-être suis-je très exigeant…
Peut-être faudrait-il aussi relancer un sixième chantier, celui de la lutte contre la corruption, du changement des mentalités ?
Il est clair pour moi que depuis 2001 et même depuis les élections en
2006, ces maux-là n’ont pas été suffisamment combattus. Si on travaille
24 heures 24, on a encore du temps pour le faire… J’avais d’ailleurs
lancé un projet de lutte contre la corruption, en espérant qu’il serait
financé par beaucoup de ceux qui se disent nos amis, Banque mondiale,
le FMI, l’Ouest en général, mais je n’ai pas senti cet appui. Il n’y a
eu que des discours… Mais bientôt, au niveau du cabinet du président,
il y aura un conseiller spécial en charge de la bonne gouvernance, de
la lutte contre la corruption. Sa nomination fera partie des
changements que je compte opérer d’ici le mois de juin. Je vais
chercher les 15 personnes qu’il me faut et les mettre à la bonne place.
Comment expliquez-vous que les Occidentaux semblent beaucoup plus critiques à votre égard que durant la transition ?
Peut-être se sont-ils rendus compte que je n’étais pas aussi maniable
qu’ils le croyaient, que je ne reçois d’ordres de personne, sauf de mon
peuple. Je ne veux exécuter que la volonté de notre population, qui
souhaite la paix, la reconstruction et le développement du pays, la
stabilité. Cette politique s’oppose peut-être aux intérêts de ceux qui
pensent que l’on peut encore venir piller notre pays et conclure des
contrats tels que ceux que nous sommes en train de renégocier, une
démarche qui rencontre beaucoup de résistances. Alors, que faire ? Moi
en tout cas je ne peux plus reculer… Je ne peux qu’avancer. Et en cours
de route, nous trouvons de nouveaux amis, en essayant de garder les
anciens.
Où en sont les relations avec la Belgique ?
Je trouve que maintenant, ça va… Bientôt nous aurons à Bruxelles un
nouvel ambassadeur. Il a reçu comme mission de tout faire pour qu’il y
ait une amélioration des relations avec la Belgique. Le terrain a été
dégagé…
La reconstruction est-elle enfin en marche ?
La reconstruction est un grand défi. Depuis 2001, j’ai déjà fait
plusieurs tournées à travers le pays, et je vous assure que
reconstruire 100.000 km de routes, cela n’est pas une mince affaire.
Donner du travail à la moitié de la population, c’est beaucoup. Je me
dis qu’on a déjà commencé, que cela, c’est essentiel. Que j’obtienne ou
non un deuxième mandat, ce qui compte, c’est continuer le travail…
Parlons un peu de la « communauté internationale » dont la définition
est d’ailleurs assez embrouillée… Récemment, la Banque mondiale, le FMI
nous ont donné 300 millions de dollars pour faire face à la crise. Dans
le même temps, j’ai appris que la Roumanie avait, elle, reçu 12
milliards de dollars… Alors que nous, nous avons 65 millions
d’habitants ! En fait, je considère qu’on est seuls… Il ne s’agit pas
seulement du Congo, tous les pays africains sont seuls, nous ne pouvons
compter que sur nous-mêmes… C’est ce qui explique pourquoi nous avons
décidé de travailler avec les Chinois, comme avec d’autres pays
d’ailleurs. Nous avons avec les Chinois un rapport d’égal à égal, «
gagnant-gagnant ».
En ce qui concerne la communauté internationale, il y a eu beaucoup
plus de promesses que de réalités… En 2001, 2002, 2003, j’avais
multiplié les déplacements en Occident, ma politique était celle de
l’ouverture. Mais finalement, au vu du peu de réalisations, de
partenariat véritable, j’ai freiné ce type de voyages, le tourisme ne
m’intéresse pas. Si je veux faire du tourisme, ce sera au Congo. En
revanche, d’autres partenaires s’intéressent beaucoup au Congo, la
Chine bien sûr mais aussi la Corée du Sud, la Russie, le Brésil… La
stabilité qui revient à l’Est va encourager les investissements.
Depuis 2001, vous est-il arrivé de prendre des vacances ?
Lorsque vous êtes à la tête d’un pays comme le Congo, vous vous
demandez toujours si c’est le moment, ce qui va se passer si vous
partez… Lorsque je suis en tournée dans l’intérieur du pays et que je
prends le volant, cela me “déstresse“. La vie que je mène est dure pour
ma famille. Quant à mon avenir, on verra. Je me dis souvent que mon
arrière-grand-père a été assassiné, mon grand-père aussi, mon père
également, comme vous le savez. On se pose toujours beaucoup de
questions…
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