Honorables Députés et Chers Collègues,
Lors de mon intervention sur Radio OKAPI, le 21 janvier
2009, en rapport avec le début des opérations militaires conjointes entre nos
forces armées et celles de la République du RWANDA dans la province du Nord
Kivu, j’avais déclaré que je n’en étais pas informé et que, si cela était vrai,
ce serait grave parce que j’avais estimé que, compte tenu des dégâts collatéraux
importants occasionnés en Province Orientale par une opération similaire avec
l’armée ougandaise et celle du Sud-Soudan pour neutraliser les rebelles de la
LRA, le Gouvernement devrait prendre des précautions pour éviter que la même
situation ne se reproduise au Nord-Kivu.Cette déclaration a été mal appréciée par ma famille
politique qui a estimé que j’avais commis un crime de lèse majesté, car je
venais, semble-t-il, de contredire le Chef de l’Etat, Chef de ma famille
politique.J’ai été astreint à la démission avec en prime une forte
campagne de diabolisation et des injures gratuites sur ma personne à travers
toute la presse, écrite et audiovisuelle tant privée que publique et ce, sans
ménagement, ni le moindre égard à mes fonctions de Président de l’Assemblée
nationale.
C’est le lieu de déplorer la culture de l’injure
publique, de la délation et de l’immoralité dans la sphère politique congolaise,
car nous, hommes politiques, avons l’obligation de servir de modèle aux jeunes
générations et à la société congolaise toute entière.
Mon parti politique, par notre Secrétaire Général, m’a
écrit pour m’inviter à démissionner sans délai.Cependant, toutes ces demandes insistantes de ma famille
politique m’étaient présentées pendant les vacances parlementaires, donc en
l’absence de vous tous qui m’avez élu.
Ainsi que je l’ai dit dans mon discours d’ouverture de
la présente session, j’avais entendu ce que mon parti politique, le PPRD et la
hiérarchie de ma famille politique m’avaient demandé. Mais en même temps,
j’étais aussi à l’écoute de notre peuple qui, à travers les églises, les
organisations de défense des Droits de l’Homme, la Diaspora Congolaise, la
jeunesse congolaise et toutes les forces vives, exprimait, dans une belle
harmonie, la soif et le
désir ardent de voir les hommes politiques que nous sommes, préserver les acquis
démocratiques et se conformer à la légalité constitutionnelle pour briser
définitivement la spirale d’éternels recommencements, caractéristique de la
marche de nos institutions depuis 1960, à cause des querelles politiciennes.
Le
grand combat que chacun de nous doit mener, comme le disait Gandhi, c’est contre
soi-même pour repousser cette nature qui nous habite et qui nous pousse à
détruire ce que nous avons construit, même au prix du sacrifice suprême.C’est pourquoi je n’avais pas démissionné pendant les
vacances parlementaires, comme mes collègues membres du Bureau qui avaient reçu
la même instruction pour je ne sais quelle faute qu’ils auraient commise
collectivement. J’ai la pleine conscience qu’ils ont payé le prix de ce qui m’a
été reproché, alors qu’en réalité, ils n’ont rien fait
Cependant, je n’ai pas le sentiment d’être responsable
de ce qui leur est arrivé, car la faute, si faute il y a, doit être individuelle
et directe. Je voudrais tout simplement leur dire que ce sont là, les aléas de
la politique dans notre pays dont je suis moi-même victime.
Sans chercher à me justifier outre mesure, laissez-moi
dire quand même un mot au sujet de la faute qui m’est imputée. En effet, l’article 213 de la Constitution dispose ce qui
suit, je cite :
« le
Président de la République négocie et ratifie les traités et accords
internationaux. Le Gouvernement conclut les accords internationaux non soumis à
ratification après délibération en Conseil des ministres. Il en informe
l’Assemblée nationale et le Sénat ».
L’Assemblée nationale est informée par son Président que
je suis. Je ne me souviens pas, à ce jour, avoir reçu l’information du
Gouvernement sur l’accord signé avec le RWANDA pour les opérations militaires
conjointes dans le Nord-Kivu. C’est une obligation constitutionnelle du
Gouvernement et non du Président de la République.
Voilà pourquoi j’avais dit que je n’étais pas informé. Cela était
et reste vrai. La gravité de cette opération tenait, à mes yeux, non seulement
au fait que le Gouvernement avait officiellement annoncé, par la bouche de son
Porte-parole, l’invitation de quelques officiers de renseignement de l’armée
rwandaise pour assister à la traque des ex-FAR, FDLR et Interhamwe par notre
armée, mais aussi et surtout parce qu’il y avait manifestement violation par le
Gouvernement des dispositions sus rappelées de la Constitution de la République
Au fait, si jamais il y avait un problème, il s’agirait
d’un problème entre l’Assemblée nationale et le Gouvernement. Je n’ai donc
jamais compris comment on est arrivé à y mêler le Président de la République,
Chef de ma famille politique, et à créer artificiellement un
problème entre Lui et moi. Le Président de la République, je le répète, ne doit
pas servir de bouclier au Gouvernement, ni à ses membres qui eux ont
l’obligation de rendre compte de leur gestion à l’Assemblée nationale. Nous
devons ramener le Chef de l’Etat à son rôle d’arbitre neutre pour qu’il veille
au bon fonctionnement de l’ensemble des institutions conformément à l’article 69
de la Constitution. Il ne doit pas non plus être l’otage d’un groupement
politique quelconque parce que la Constitution le place au dessus de la mêlée.
Mais le vin est tiré, amer ou aigre, il faut le
boire.
Honorables Députés et Chers Collègues,
Nous voilà aujourd’hui à la croisée des chemins. Je dois
opérer, avec vous, un choix et le bon. Notre seul fil conducteur doit être la
lutte pour la préservation et la sauvegarde de la démocratie et de la légalité
dans notre pays ainsi que l’indépendance du Député national, lequel ne doit pas
être astreint à un mandat impératif en vertu de l‘article 101, alinéa 5 de la
Constitution. Le mandat
dont nous sommes investis nous lie directement par un contrat social et
politique avec le peuple congolais. Nous devons donc à tout moment rechercher
son intérêt et nous mettre à son écoute pour connaitre ses attentes et ses
intérêts pour mieux le défendre. C’est donc à lui et à lui seul que nous rendons
compte de notre mandat.
Honorables Députés et Chers Collègues,
Nous avons le choix entre deux voies constitutionnelles
valables.
La première possibilité qui s’offre à nous, est celle de
poursuivre le processus enclenché jusqu’au vote à bulletin secret afin que les
urnes parlent.
Au-delà du résultat arithmétique auquel ce vote pourrait
conduire, personne dans cette salle ne peut nous dire avec exactitude de quoi
demain sera fait. Personne ne peut parier que la démocratie et la paix sociale
chèrement acquises en sortiront intactes.Personne non plus ne peut parier que l’Assemblée
nationale qui a su démontrer à la face du monde son engagement clair et net en
faveur de la défense de la démocratie, ne sera pas déstabilisée ou à tout le
moins, ne connaitra pas de fonctionnement tumultueux.
La deuxième possibilité qui est tout aussi
constitutionnelle, est celle de privilégier et de sauver la démocratie qui peut
continuer et se renforcer sans que nécessairement un homme, qui qu’il soit, même
pas Vital KAMERHE, reste absolument au perchoir comme Président de l’Assemblée
nationale.
Puisant dans la sagesse du Roi Salomon appelé à trancher
le conflit entre deux femmes qui se disputaient un enfant, - tous les chrétiens
connaissent l’histoire– j’ai opté pour la voie la moins périlleuse et la moins
couteuse pour le peuple congolais qui a démontré, à travers les années, son
attachement à la démocratie.
Je pense notamment aux martyrs de l’indépendance, aux
martyrs de la pentecôte et aux autres martyrs tombés lors de la marche pacifique
des chrétiens du 16 février 1992, alors qu’ils réclamaient la réouverture de la
Conférence Nationale Souveraine
Je pense aussi à tous ces hommes de Dieu pour ne pas les
citer tous, Mgrs MUNZIHIRWA, KATALIKO et Charles MBOGA.
Je pense enfin à tous les autres martyrs anonymes qui
sont tombés sur les champs de batailles lors des différentes rebellions et
guerres d’agression.
Je ne voudrais pas lever l’option qui risque de nous
conduire dans des situations incontrôlées et incontrôlables, dans des situations
qui peuvent encore alourdir le bilan macabre des morts au sein de notre
population. Le sens de notre combat doit demeurer la consolidation de la
démocratie dans notre pays.
Je suis d’avis que nous devons nous prévenir du syndrome
de déstabilisation des institutions démocratiquement établies par des putschs
observés ces derniers temps ça et là en Afrique. Ce serait un grand
retour en arrière.
C’est pourquoi, je lance un appel à l’apaisement
et au calme en direction de toute la population de l’intérieur comme de
l’extérieur du pays.
Nous devons bannir à jamais la violence et les
rebellions. Nous devons ensemble continuer le combat de la démocratie par des
voies pacifiques.
Nous devons, Honorables Députés et Chers Collègues,
Majorité comme Opposition, faire le choix d’aller de l’avant
et de défendre sans relâche la démocratie et les valeurs républicaines pour le
renouveau de la classe politique congolaise qui doit prendre l’engagement de
reconstruire un Congo où il fait beau vivre.
Honorables Députés et Chers Collègues,
Je sais que beaucoup parmi vous, chacun devant sa
conscience, aujourd’hui ou peut-être demain, vous n’êtes pas
convaincu de vraies raisons de ma démission. Mais c’est comme qui dirait que la
politique à ses raisons que la raison ignore.
Je ne voudrais pas inscrire mon nom dans l’histoire des
blocages des institutions acquises chèrement par notre peuple au prix de son
sang. Je ne voudrais pas non plus trahir la mémoire de nos pères de
l’indépendance, des artisans de l’unité nationale et de la libération, encore
moins de ceux qui ont sacrifié leurs vie et jeunesse pour l’avènement et
l’émergence de la démocratie dans notre pays.
Mes pensées vont notamment à papa Simon KIMBANGU, à
Joseph KASA-VUBU, à Patrice Emery LUMUMBA, à Joseph Désiré MOBUTU SESE SEKO, à
Mzee Laurent Désiré KABILA pour les morts et à Joseph KABILA, à Etienne
TSHISEKEDI WA MULUMBA, à Antoine GIZENGA FUNDJI, à Monseigneur Laurent MONSENGWO
PASSINYA et autres pour les vivants.Les mêmes pensées vont aussi en direction de ceux qui
ont permis la réconciliation nationale qui nous a conduits aux élections
démocratiques en 2006. Il s’agit particulièrement des animateurs de la
Transition sous la formule 1 + 4, j’ai nommé en plus du Président de la
République, Joseph KABILA déjà cité ci-haut, les anciens Vice-Présidents de la
République Jean-Pierre BEMBA, Arthur ZAIDI NGOMA, AZARIAS RUBERWA et YERODIA
ABDOULAYE NDOMBASI.
Honorables Députés et Chers Collègues,
Mon vœu le plus ardent est que nous ne transigions
jamais, sous quelques pressions que se soient, sur les missions
constitutionnelles dévolues à l’Assemblée nationale, à savoir l’élaboration des
lois et le contrôle ainsi que, le cas échéant, la sanction positive ou négative
des membres du Gouvernement et des dirigeants des entreprises publiques, des
établissements et services publics.
Nous veillerons à la liberté d’expression, au respect et
à la tolérance des opinions de tout un chacun.
Un parlement démocratique est celui dans lequel la
majorité n’étouffe pas l’opposition, en même temps que cette dernière s’incline
sportivement devant la loi de la majorité. Il est aussi celui dans lequel les
questions d’intérêt national mettent tout le monde d’accord.
Je suis heureux que cela soit le cas au sein de notre
hémicycle jusqu’à ce jour. C’est pourquoi je vous remercie, Honorables Députés
et Chers Collègues, pour votre amour et pour m’avoir facilité la
tâche à la direction de notre chère institution. Merci de tout cœur.Que les collègues du Sénat trouvent ici l’expression de
ma reconnaissance pour le travail de production législative que nous avons
réalisé ensemble dans un esprit de famille parlementaire. Je pense
particulièrement à son Président, l’Honorable Léon KENGO WA DONDO.
Je ne peux oublier les amis de la communauté
internationale pour leur collaboration et sages conseils, lesquels ont contribué
à la bonne marche de nos travaux.
Mes remerciements s’adressent aussi à tous le personnel
politique et agents de l’Administration de l’Assemblée nationale, ces héros dans
l’ombre, sans lesquels nous n’aurions pu brandir le modeste bilan qui est le
nôtre aujourd’hui où nous sommes à mi chemin de notre mandat.
J’exprime ma gratitude aux amis de la presse qui nous
ont accompagnés dans notre délicate mission.
Je remercie enfin et de manière particulière, l’ensemble
de la population congolaise qui, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, a
apprécié nos débats et nous a toujours accompagnés par ses prières surtout
pendant les moments les plus difficiles des nos travaux. Je lui en sais gré et
lui promets de demeurer toujours à son écoute et à son service.
Honorables Députés et Chers Collègues,
Ainsi que je l’avais promis dans mon discours du 16 mars
2009, à la demande de ma famille politique, j’ai soumis la question de ma
démission à la Conférence des Présidents que j’ai réunie en date du 19 mars
2009, laquelle l’a retenue à l’ordre du jour de la présente plénière.
Un homme d’Etat est celui qui non
seulement observe scrupuleusement la Constitution et les lois de son pays, mais
aussi et surtout, celui qui est esclave de sa propre
parole.C’est pourquoi, tout en vous remerciant pour avoir cru à
l’action que nous avons menée ensemble ici dans notre institution, je vous prie
de bien vouloir accepter ma démission sans débat, ni vote.
En attendant l’élection du nouveau Bureau et la remise
et reprise avec celui-ci, le Bureau que je préside expédie les affaires
courantes conformément aux principes généraux de droit administratif.
Faisant miens les propos de II THESSALONICIENS 3, 16 :
je cite « Que le Seigneur qui donne la paix vous accorde lui-même la paix de
toute manière et en toutes circonstances. Que le Seigneur soit avec vous
tous ».
A Dieu seul soit la Gloire, l’Honneur et la
Puissance.
Louez l’Eternel, car il est bon, car sa miséricorde et
son amour dure à jamais. (Psaumes 136).
Dieu aime le Congo et je crois en l’avenir de mon pays
Que Vive la République Démocratique du Congo
Que Vive l’Assemblée nationale
Que Vive la Démocratie
Je vous remercie.
Lors de mon intervention sur Radio OKAPI, le 21 janvier
2009, en rapport avec le début des opérations militaires conjointes entre nos
forces armées et celles de la République du RWANDA dans la province du Nord
Kivu, j’avais déclaré que je n’en étais pas informé et que, si cela était vrai,
ce serait grave parce que j’avais estimé que, compte tenu des dégâts collatéraux
importants occasionnés en Province Orientale par une opération similaire avec
l’armée ougandaise et celle du Sud-Soudan pour neutraliser les rebelles de la
LRA, le Gouvernement devrait prendre des précautions pour éviter que la même
situation ne se reproduise au Nord-Kivu.Cette déclaration a été mal appréciée par ma famille
politique qui a estimé que j’avais commis un crime de lèse majesté, car je
venais, semble-t-il, de contredire le Chef de l’Etat, Chef de ma famille
politique.J’ai été astreint à la démission avec en prime une forte
campagne de diabolisation et des injures gratuites sur ma personne à travers
toute la presse, écrite et audiovisuelle tant privée que publique et ce, sans
ménagement, ni le moindre égard à mes fonctions de Président de l’Assemblée
nationale.
C’est le lieu de déplorer la culture de l’injure
publique, de la délation et de l’immoralité dans la sphère politique congolaise,
car nous, hommes politiques, avons l’obligation de servir de modèle aux jeunes
générations et à la société congolaise toute entière.
Mon parti politique, par notre Secrétaire Général, m’a
écrit pour m’inviter à démissionner sans délai.Cependant, toutes ces demandes insistantes de ma famille
politique m’étaient présentées pendant les vacances parlementaires, donc en
l’absence de vous tous qui m’avez élu.
Ainsi que je l’ai dit dans mon discours d’ouverture de
la présente session, j’avais entendu ce que mon parti politique, le PPRD et la
hiérarchie de ma famille politique m’avaient demandé. Mais en même temps,
j’étais aussi à l’écoute de notre peuple qui, à travers les églises, les
organisations de défense des Droits de l’Homme, la Diaspora Congolaise, la
jeunesse congolaise et toutes les forces vives, exprimait, dans une belle
harmonie, la soif et le
désir ardent de voir les hommes politiques que nous sommes, préserver les acquis
démocratiques et se conformer à la légalité constitutionnelle pour briser
définitivement la spirale d’éternels recommencements, caractéristique de la
marche de nos institutions depuis 1960, à cause des querelles politiciennes.
Le
grand combat que chacun de nous doit mener, comme le disait Gandhi, c’est contre
soi-même pour repousser cette nature qui nous habite et qui nous pousse à
détruire ce que nous avons construit, même au prix du sacrifice suprême.C’est pourquoi je n’avais pas démissionné pendant les
vacances parlementaires, comme mes collègues membres du Bureau qui avaient reçu
la même instruction pour je ne sais quelle faute qu’ils auraient commise
collectivement. J’ai la pleine conscience qu’ils ont payé le prix de ce qui m’a
été reproché, alors qu’en réalité, ils n’ont rien fait
Cependant, je n’ai pas le sentiment d’être responsable
de ce qui leur est arrivé, car la faute, si faute il y a, doit être individuelle
et directe. Je voudrais tout simplement leur dire que ce sont là, les aléas de
la politique dans notre pays dont je suis moi-même victime.
Sans chercher à me justifier outre mesure, laissez-moi
dire quand même un mot au sujet de la faute qui m’est imputée. En effet, l’article 213 de la Constitution dispose ce qui
suit, je cite :
« le
Président de la République négocie et ratifie les traités et accords
internationaux. Le Gouvernement conclut les accords internationaux non soumis à
ratification après délibération en Conseil des ministres. Il en informe
l’Assemblée nationale et le Sénat ».
L’Assemblée nationale est informée par son Président que
je suis. Je ne me souviens pas, à ce jour, avoir reçu l’information du
Gouvernement sur l’accord signé avec le RWANDA pour les opérations militaires
conjointes dans le Nord-Kivu. C’est une obligation constitutionnelle du
Gouvernement et non du Président de la République.
Voilà pourquoi j’avais dit que je n’étais pas informé. Cela était
et reste vrai. La gravité de cette opération tenait, à mes yeux, non seulement
au fait que le Gouvernement avait officiellement annoncé, par la bouche de son
Porte-parole, l’invitation de quelques officiers de renseignement de l’armée
rwandaise pour assister à la traque des ex-FAR, FDLR et Interhamwe par notre
armée, mais aussi et surtout parce qu’il y avait manifestement violation par le
Gouvernement des dispositions sus rappelées de la Constitution de la République
Au fait, si jamais il y avait un problème, il s’agirait
d’un problème entre l’Assemblée nationale et le Gouvernement. Je n’ai donc
jamais compris comment on est arrivé à y mêler le Président de la République,
Chef de ma famille politique, et à créer artificiellement un
problème entre Lui et moi. Le Président de la République, je le répète, ne doit
pas servir de bouclier au Gouvernement, ni à ses membres qui eux ont
l’obligation de rendre compte de leur gestion à l’Assemblée nationale. Nous
devons ramener le Chef de l’Etat à son rôle d’arbitre neutre pour qu’il veille
au bon fonctionnement de l’ensemble des institutions conformément à l’article 69
de la Constitution. Il ne doit pas non plus être l’otage d’un groupement
politique quelconque parce que la Constitution le place au dessus de la mêlée.
Mais le vin est tiré, amer ou aigre, il faut le
boire.
Honorables Députés et Chers Collègues,
Nous voilà aujourd’hui à la croisée des chemins. Je dois
opérer, avec vous, un choix et le bon. Notre seul fil conducteur doit être la
lutte pour la préservation et la sauvegarde de la démocratie et de la légalité
dans notre pays ainsi que l’indépendance du Député national, lequel ne doit pas
être astreint à un mandat impératif en vertu de l‘article 101, alinéa 5 de la
Constitution. Le mandat
dont nous sommes investis nous lie directement par un contrat social et
politique avec le peuple congolais. Nous devons donc à tout moment rechercher
son intérêt et nous mettre à son écoute pour connaitre ses attentes et ses
intérêts pour mieux le défendre. C’est donc à lui et à lui seul que nous rendons
compte de notre mandat.
Honorables Députés et Chers Collègues,
Nous avons le choix entre deux voies constitutionnelles
valables.
La première possibilité qui s’offre à nous, est celle de
poursuivre le processus enclenché jusqu’au vote à bulletin secret afin que les
urnes parlent.
Au-delà du résultat arithmétique auquel ce vote pourrait
conduire, personne dans cette salle ne peut nous dire avec exactitude de quoi
demain sera fait. Personne ne peut parier que la démocratie et la paix sociale
chèrement acquises en sortiront intactes.Personne non plus ne peut parier que l’Assemblée
nationale qui a su démontrer à la face du monde son engagement clair et net en
faveur de la défense de la démocratie, ne sera pas déstabilisée ou à tout le
moins, ne connaitra pas de fonctionnement tumultueux.
La deuxième possibilité qui est tout aussi
constitutionnelle, est celle de privilégier et de sauver la démocratie qui peut
continuer et se renforcer sans que nécessairement un homme, qui qu’il soit, même
pas Vital KAMERHE, reste absolument au perchoir comme Président de l’Assemblée
nationale.
Puisant dans la sagesse du Roi Salomon appelé à trancher
le conflit entre deux femmes qui se disputaient un enfant, - tous les chrétiens
connaissent l’histoire– j’ai opté pour la voie la moins périlleuse et la moins
couteuse pour le peuple congolais qui a démontré, à travers les années, son
attachement à la démocratie.
Je pense notamment aux martyrs de l’indépendance, aux
martyrs de la pentecôte et aux autres martyrs tombés lors de la marche pacifique
des chrétiens du 16 février 1992, alors qu’ils réclamaient la réouverture de la
Conférence Nationale Souveraine
Je pense aussi à tous ces hommes de Dieu pour ne pas les
citer tous, Mgrs MUNZIHIRWA, KATALIKO et Charles MBOGA.
Je pense enfin à tous les autres martyrs anonymes qui
sont tombés sur les champs de batailles lors des différentes rebellions et
guerres d’agression.
Je ne voudrais pas lever l’option qui risque de nous
conduire dans des situations incontrôlées et incontrôlables, dans des situations
qui peuvent encore alourdir le bilan macabre des morts au sein de notre
population. Le sens de notre combat doit demeurer la consolidation de la
démocratie dans notre pays.
Je suis d’avis que nous devons nous prévenir du syndrome
de déstabilisation des institutions démocratiquement établies par des putschs
observés ces derniers temps ça et là en Afrique. Ce serait un grand
retour en arrière.
C’est pourquoi, je lance un appel à l’apaisement
et au calme en direction de toute la population de l’intérieur comme de
l’extérieur du pays.
Nous devons bannir à jamais la violence et les
rebellions. Nous devons ensemble continuer le combat de la démocratie par des
voies pacifiques.
Nous devons, Honorables Députés et Chers Collègues,
Majorité comme Opposition, faire le choix d’aller de l’avant
et de défendre sans relâche la démocratie et les valeurs républicaines pour le
renouveau de la classe politique congolaise qui doit prendre l’engagement de
reconstruire un Congo où il fait beau vivre.
Honorables Députés et Chers Collègues,
Je sais que beaucoup parmi vous, chacun devant sa
conscience, aujourd’hui ou peut-être demain, vous n’êtes pas
convaincu de vraies raisons de ma démission. Mais c’est comme qui dirait que la
politique à ses raisons que la raison ignore.
Je ne voudrais pas inscrire mon nom dans l’histoire des
blocages des institutions acquises chèrement par notre peuple au prix de son
sang. Je ne voudrais pas non plus trahir la mémoire de nos pères de
l’indépendance, des artisans de l’unité nationale et de la libération, encore
moins de ceux qui ont sacrifié leurs vie et jeunesse pour l’avènement et
l’émergence de la démocratie dans notre pays.
Mes pensées vont notamment à papa Simon KIMBANGU, à
Joseph KASA-VUBU, à Patrice Emery LUMUMBA, à Joseph Désiré MOBUTU SESE SEKO, à
Mzee Laurent Désiré KABILA pour les morts et à Joseph KABILA, à Etienne
TSHISEKEDI WA MULUMBA, à Antoine GIZENGA FUNDJI, à Monseigneur Laurent MONSENGWO
PASSINYA et autres pour les vivants.Les mêmes pensées vont aussi en direction de ceux qui
ont permis la réconciliation nationale qui nous a conduits aux élections
démocratiques en 2006. Il s’agit particulièrement des animateurs de la
Transition sous la formule 1 + 4, j’ai nommé en plus du Président de la
République, Joseph KABILA déjà cité ci-haut, les anciens Vice-Présidents de la
République Jean-Pierre BEMBA, Arthur ZAIDI NGOMA, AZARIAS RUBERWA et YERODIA
ABDOULAYE NDOMBASI.
Honorables Députés et Chers Collègues,
Mon vœu le plus ardent est que nous ne transigions
jamais, sous quelques pressions que se soient, sur les missions
constitutionnelles dévolues à l’Assemblée nationale, à savoir l’élaboration des
lois et le contrôle ainsi que, le cas échéant, la sanction positive ou négative
des membres du Gouvernement et des dirigeants des entreprises publiques, des
établissements et services publics.
Nous veillerons à la liberté d’expression, au respect et
à la tolérance des opinions de tout un chacun.
Un parlement démocratique est celui dans lequel la
majorité n’étouffe pas l’opposition, en même temps que cette dernière s’incline
sportivement devant la loi de la majorité. Il est aussi celui dans lequel les
questions d’intérêt national mettent tout le monde d’accord.
Je suis heureux que cela soit le cas au sein de notre
hémicycle jusqu’à ce jour. C’est pourquoi je vous remercie, Honorables Députés
et Chers Collègues, pour votre amour et pour m’avoir facilité la
tâche à la direction de notre chère institution. Merci de tout cœur.Que les collègues du Sénat trouvent ici l’expression de
ma reconnaissance pour le travail de production législative que nous avons
réalisé ensemble dans un esprit de famille parlementaire. Je pense
particulièrement à son Président, l’Honorable Léon KENGO WA DONDO.
Je ne peux oublier les amis de la communauté
internationale pour leur collaboration et sages conseils, lesquels ont contribué
à la bonne marche de nos travaux.
Mes remerciements s’adressent aussi à tous le personnel
politique et agents de l’Administration de l’Assemblée nationale, ces héros dans
l’ombre, sans lesquels nous n’aurions pu brandir le modeste bilan qui est le
nôtre aujourd’hui où nous sommes à mi chemin de notre mandat.
J’exprime ma gratitude aux amis de la presse qui nous
ont accompagnés dans notre délicate mission.
Je remercie enfin et de manière particulière, l’ensemble
de la population congolaise qui, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, a
apprécié nos débats et nous a toujours accompagnés par ses prières surtout
pendant les moments les plus difficiles des nos travaux. Je lui en sais gré et
lui promets de demeurer toujours à son écoute et à son service.
Honorables Députés et Chers Collègues,
Ainsi que je l’avais promis dans mon discours du 16 mars
2009, à la demande de ma famille politique, j’ai soumis la question de ma
démission à la Conférence des Présidents que j’ai réunie en date du 19 mars
2009, laquelle l’a retenue à l’ordre du jour de la présente plénière.
Un homme d’Etat est celui qui non
seulement observe scrupuleusement la Constitution et les lois de son pays, mais
aussi et surtout, celui qui est esclave de sa propre
parole.C’est pourquoi, tout en vous remerciant pour avoir cru à
l’action que nous avons menée ensemble ici dans notre institution, je vous prie
de bien vouloir accepter ma démission sans débat, ni vote.
En attendant l’élection du nouveau Bureau et la remise
et reprise avec celui-ci, le Bureau que je préside expédie les affaires
courantes conformément aux principes généraux de droit administratif.
Faisant miens les propos de II THESSALONICIENS 3, 16 :
je cite « Que le Seigneur qui donne la paix vous accorde lui-même la paix de
toute manière et en toutes circonstances. Que le Seigneur soit avec vous
tous ».
A Dieu seul soit la Gloire, l’Honneur et la
Puissance.
Louez l’Eternel, car il est bon, car sa miséricorde et
son amour dure à jamais. (Psaumes 136).
Dieu aime le Congo et je crois en l’avenir de mon pays
Que Vive la République Démocratique du Congo
Que Vive l’Assemblée nationale
Que Vive la Démocratie
Je vous remercie.
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